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Bertrand Jasson, Orange

« Le bureau reste un outil stratégique pour l’entreprise »

Chez Orange comme dans la plupart des grands groupes actuellement, l’heure est au déconfinement. La direction immobilière est à pied d’œuvre pour rouvrir ses sites aux collaborateurs et commence à penser la suite. Explications avec Bertrand Jasson, directeur immobilier du groupe.

Bertrand Jasson © Orange

Business Immo : Comment se sont passées ces dernières semaines pour votre direction immobilière ?

Bertrand Jasson : Le groupe s’est concentré sur la sécurité du salarié. Nous avons donc très vite décrété que tous les collaborateurs dont la présence n’était pas nécessaire devaient se confiner. 80 % des effectifs sont donc passés en télétravail. Il a alors fallu remettre à niveaux leurs équipements, organiser le passage de ceux qui avaient des affaires à récupérer, puis fermer les immeubles et mettre en place le gardiennage des sites, en partenariat avec nos différents prestataires. D’ailleurs, ces derniers ont également stoppé les travaux et tâches de maintenance pour les protéger également. Enfin, tous les chantiers dont nous sommes maîtres d’œuvre ont également été stoppés. En parallèle, au sein du groupe, quelque 200 techniciens sont restés sur le pont. Ce qui a permis au réseau de tenir ! Et ce alors que la pratique du télétravail a été multipliée par dix dans le pays.  

Passée cette étape, une cellule d’anticipation a été mise en place autour du 11 mai pour regarder de près les conditions de la relance. Et rouvrir s’avère forcément plus compliqué que fermer !

BI : Comment va se passer le déconfinement de vos bureaux ?

BJ : Nous travaillons à mettre en œuvre toutes les mesures sanitaires dans les bureaux, lieu de sociabilisation par excellence ! Si les collaborateurs reviennent, ce sera pour se voir et travailler ensemble. Nous planchons donc sur un protocole national de déconfinement, qui devra bien sûr être validé par les ERP. Nous réaménageons les espaces de travail pour maintenir la distanciation sociale – tâche facilitée par nos aménagements en flex office, et sa politique de clean desk. Parallèlement, nous recevons les équipements de protection que nous mettrons à disposition. Mes équipes travaillent également sur la notion de désinfection et sur la question de la climatisation. Depuis le 2 juin, les locaux sont nettoyés, équipés (plexiglas, marquages, signalétique…) pour recevoir une partie des équipes. Mais tout le monde ne reprendra pas le chemin du bureau immédiatement. Notre directeur général, Stéphane Richard, a estimé que la poursuite du télétravail jusqu’à la fin de l’été serait la meilleure façon de protéger les salariés, en leur évitant notamment les transports en commun. 

BI : Cette crise laissera-t-elle des traces durables dans vos schémas directeurs ?

BJ : Je vois çà et là certains annoncer la mort du bureau. Pour ma part, je ne m’aventurerai pas à prendre des décisions radicales alors même que la crise n’est pas terminée. Nous parlons tout de même de décisions concernant 6 millions de m2 où travaillent 100 000 personnes ! Nos réflexions doivent s’inscrire dans un temps long, non pas être régies par notre réaction face à l’urgence. Alors bien sûr, tout le monde aimerait savoir, les syndicats les premiers, à quoi ressembleront nos bureaux demain et quel sera la part du télétravail. Il est certain qu’il en aura une plus importante qu’hier, après avoir ainsi fait la preuve de son efficacité alors même que toutes les conditions n’étaient pas réunies. Pour autant, le bureau reste un outil stratégique pour notre entreprise. Avec le télétravail, nous perdons en créativité et en capacité à dépasser les problèmes qui se présentent. Je suis un « homme de couloir » et reste convaincu que nous avons besoin de nous rencontrer et nous confronter... Alors, peut-être occuperons-nous moins de mètres carrés sur certains sites, mais je pense surtout que nous allons accroître notre exigence quant à la qualité de nos bâtiments. Les prérequis d’hier restent valables : lumière, acoustique, qualité de l’air, accessibilité, espaces extérieurs, services… Mais ces besoins s’intensifient. Le bureau doit plus que jamais donner envie de se déplacer, permettre les échanges, formels comme informels, soutenir la collaboration, faciliter la circulation de l’information, incarner l’image de l’entreprise, etc. Ce sont ces attentes qui guideront nos schémas directeurs.  


Article issu du Grand angle du magazine Business Immo 166.

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