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Westfield m’a tuer

Centre commercial Les Quatre Temps à La Défense. © DR

Les batailles boursières sont souvent violentes, parfois cruelles. Le secteur de l’immobilier coté ouvre un chapitre fratricide avec une fronde d’actionnaires amorcée par Léon Bressler et Xavier Niel contre le plan Reset lancé par le directoire d’Unibail-Rodamco-Westfield (URW) et surtout l’augmentation de capital proposée.

L’attaque frontale menée par un consortium ne pesant que 4 % du capital de la foncière pourrait prêter à sourire si elle n’était portée par un attelage associant l’ancien patron historique d’Unibail et le trublion du capitalisme français. Le premier a porté Unibail sur les fonts baptismaux et tire sa légitimité d’un parcours quasi sans faute dans l’industrie immobilière. Le second, accélérateur médiatique de la fronde, entrepreneur touche à tout, investisseur contra-cyclique, est aussi et surtout symbole de la Tech. En s’intéressant à l’un des opérateurs phares de centres commerciaux, il vient rassurer les plus sceptiques sur la pérennité du modèle. « On peut soit se dire que tout va s’écrouler, soit penser que l’économie va rebondir. Et le jour où l’économie repartira, on aura encore besoin de centres commerciaux », clame-t-il dans Les Échos.

Cette conviction que le centre commercial n’est pas mort est la base de la contre-attaque de Léon Bressler. Faire le dos rond. Avec le plan Refocus, il ne s’agit pas de prendre les pertes, mais de se recentrer sur son terrain de jeu, le centre commercial. Ensuite, c’est une question de taille. Christophe Cuvillier, l’actuel président du directoire, s’imagine en leader mondial. Léon Bressler le recentre à l’Europe continentale. Il voit dans URW un « acteur dominant » en Europe, mais « marginal » aux États-Unis. On pourrait lui objecter que tout colosse de l’immobilier de commerce reste un nain dans la galaxie du retail.

L’offensive est violente pour le management en place, accusé d’avoir eu la folie des grandeurs avec l’acquisition de Westfield. Une « mauvaise opération », « au mauvais moment », « au mauvais prix ». Le réquisitoire est sévère pour une opération qui n’a jamais totalement convaincu les marchés financiers. Mais il se révèle juste à la vue de la chute abyssale de la capitalisation boursière d’URW, de 29 Mds€ (pro forma) au moment de l’acquisition de Westfield à… 4,4 Mds€ au 30 septembre dernier.

La fronde peut paraître d’autant plus cruelle qu’elle est adoubée par Guillaume Poitrinal, l’ancien CEO d’Unibail, le fils spirituel de Léon Bressler, mais aussi celui qui a choisi son successeur… un certain Christophe Cuvillier.

Mais le monde des affaires ne connaît pas d’état d’âme. Même dans le monde d’après.

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