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Télétravail : accélérateur de la transformation du bureau vers le modèle coworking ?

© elenabsl / Adobe Stock

Depuis le début de la crise Covid, le télétravail a prouvé aussi bien aux managers sceptiques qu’à leurs équipes qu’il était possible de travailler sans être au bureau.
L’étude BNP Paribas Real Estate post-Covid annonce que 80 % des interrogés voient les bureaux comme un lieu servant à se parler.
La tendance homework était déjà lancée mais la période de confinement a particulièrement prouvé son efficacité tout comme ses limites. 

Une meilleure productivité 

Travailler de chez soi avec des interactions humaines limitées a permis à chacun de constater qu’il travaillait plus concentré. Mais ce travail à distance a prouvé qu’il était essentiellement efficace pour produire en autonomie.
En effet, le télétravail permet de se concentrer dans sa bulle, d’avancer dans ses rapports écrits, ses comptes-rendus et ses dossiers en cours sans être perturbé par un temps de transport et par les contacts entre collègues.
Nombreux sont ceux qui ont apprécié ce mode de travail à distance afin de pouvoir clore des dossiers et tâches ouverts depuis longtemps et sur lesquels ils n’arrivaient pas à se pencher faute de temps pris par de multiples réunions.
Car il faut bien se l’avouer, lorsque l’on vient au bureau, on est happés par un nombre de réunions grandissant chaque année qui réduit le temps consacré au travail de production lui aussi nécessaire. 

Un besoin essentiel de contact humain

Nous avons tous pu constater que la visioconférence, même si efficace, ne remplaçait pas la plupart des réunions physiques que nous avons besoin de faire. Il s’agit plutôt d’un mode de réunion dégradée, d’un palliatif à la réunion physique lorsque celle-ci est impossible à tenir.
La visioconférence ne saurait donc remplacer la réunion physique sur le long terme et le contact humain. Pire, le constat est celui d’un temps passé en visioconférence bien supérieur à celui qui aurait été passé en réunion physique pour faire passer les mêmes idées et présenter les mêmes éléments. Il est évident que la communication orale n’est pas suffisante. La communication visuelle et gestuelle est nécessaire à la compréhension et la passation d’un message à l’interlocuteur en complément de la communication verbale. Ces dernières étant plus complexes à assimiler derrière un écran. C’est ainsi que les contacts humains trouvent toujours leur place au bureau.

Le bon mix bureau-télétravail 

Les derniers chiffres parlent d’eux-mêmes sur l’urgence de faire évoluer les immeubles de bureaux afin qu’ils s’adaptent aux nouvelles pratiques professionnelles : actuellement 78 % des entreprises auraient décidé de changer leur politique en matière de télétravail, 2/3 voudraient renégocier leur bail et 1/3 voudraient réduire leur surface (étude BNPPR post-Covid).
La venue d’un opérateur de coworking dans un immeuble de bureau contribuerait aussi à favoriser la signature d’un bail pour un utilisateur qui bénéficierait des services et d’un ajustement possible de sa surface offerte par les espaces de coworking.
Face à ces différents constats, les propriétaires et les utilisateurs d’immeubles de bureaux cherchent à trouver le bon compromis permettant de faire revenir les salariés au bureau tout en continuant à profiter de la dynamique vertueuse du télétravail.
Finalement il faut conserver une part de télétravail pour produire tout ce qu’on peut faire à la maison et placer le bureau comme le lieu d’échange. 

L’immeuble de bureaux post-Covid

À l’image des immeubles de coworking dont beaucoup d’entreprises plébiscitaient la qualité des espaces communs, l’immeuble de bureaux post-Covid doit privilégier des espaces communs de partage, de créativité et de réunions. Il doit aussi permettre aux flux de personnes de se rencontrer justement au niveau des espaces de circulation tels que les escaliers.
En ce sens, l’immeuble de coworking a beaucoup apporté à la réflexion sur les espaces de travail en proposant des espaces privatifs limités et des espaces collaboratifs et de circulation flexibles et généreux. Cette générosité incarne précisément ce qu’attendent les salariés du bureau post-Covid : des espaces accueillants, qui invitent à s’installer, à prendre son temps et à échanger avec les autres sous différentes formes. Parce qu’échanger, en fonction des heures de la journée, suivant les parcours spécifiques de chaque utilisateur, cela signifie prendre un café, cocréer, se réunir, réfléchir ensemble, trouver des solutions à plusieurs, recevoir un client, suivre une formation, déjeuner ou encore faire une pause sportive. Tant d’échanges humains nécessaires et évolutifs suivant les activités professionnelles et les moments de la journée. L’observation fine des parcours utilisateurs confrontés au champ des possibles de chaque immeuble de bureau apportera des réponses sur les transformations d’espaces, les usages et les services à intégrer pour faire du bureau un lieu de vie où il fait bon se retrouver entre deux journées de télétravail.
L’immeuble de bureau ainsi transformé et plus humain, posera la question de la nécessité des aménagements de postes de travail et tournera davantage autour du modèle flex office qui pourrait d’ailleurs être partagé entre plusieurs entreprises suivant les jours de télétravail de leurs salariés.

Finalement, la crise Covid accélère la transformation de l’immeuble de bureaux vers un tiers lieu de vie hybride déjà initié par les acteurs de coworking : mi-bureau mi-immeuble de services. Un subtil mélange des fonctions pour aboutir au bon mix et gagner en efficacité et en productivité aussi bien chez soi qu’au bureau.
Demain, tout le challenge résidera en une forte compréhension des usages des travailleurs et de la flexibilité des espaces qui leur seront proposés dès leur conception. En ce sens l’alternative de disruption du bail commercial par les contrats courts de services des espaces de coworking prend une nouvelle dimension. Car si demain la flexibilité locative devient la norme, le bail commercial devra évoluer pour ne pas devenir le paroxysme de la rigidité contractuelle. 

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