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Et si demain...

Le bureau, un espace qui poursuit son odyssée

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Lundi matin, 11h, c’est la fin du comité d’investissement. Au programme notamment cette semaine, la validation de l’acquisition d’un petit immeuble de six étages près de la gare de Nantes, à restructurer entièrement en espace commercial, de services et de bureaux. La décision s’est prise dans une ambiance sereine, studieuse, mais décontractée.

Qu’il est loin le temps des comités de ce genre, incapables de décider quoi que ce soit tant l’horizon était incertain. C’était en 2020, à l’heure où un virus mondial avait en quelques semaines renversé notre modèle, pourtant si solide jusqu’ici, de foncière tertiaire. En quelques jours, et pendant quelques mois, nous avions été contraints par nos gouvernants de stopper la perception de nos seuls revenus, les loyers et charges de nos clients, pour leur laisser à eux aussi le temps d’absorber cette crise sans précédent. Quand, à l’aube de 2021, nous avions pu reprendre une « activité normale », ce sont ces mêmes clients qui avaient changé. Ils ne souhaitaient plus travailler « comme avant », leurs besoins s’étaient transformés, et ils nous avaient poussés à réinterroger notre modèle. Avec du recul, bien des années plus tard, nous sommes fiers d’avoir fait de ce « cataclysme » l’opportunité de nous réinventer. Nous avons, pour la première fois, écouté réellement nos clients nous décrire leurs besoins profonds : agilité, mixité, flexibilité et services. Nous sommes passés avec eux d’une relation bailleur/locataire, devenue uniquement administrative et financière, à un partenariat de confiance pour les accompagner dans leur transformation. La qualité serait le maître mot de notre nouveau modèle, là où la quantité avait tant dominé l’ancien.

Dans les premiers mois, bien sûr, nous avons dû adapter nos actifs existants. Nous avons alors pro- posé des renégociations de nos baux, intégrant une flexibilité de la surface louée. Nous étions convaincus que le « louer mieux » devait remplacer la doctrine du « louer plus ». Nous avons également développé les services au sein de nos immeubles. En effet, les salariés de nos clients, qui se rendaient moins souvent dans nos murs, souhaitaient y trouver lors de leur visite plus de digital pour les aider à mieux occuper l’espace, mais également davantage de prestations pour mieux équilibrer leur vie professionnelle avec leur vie personnelle.

En parallèle, nous avons imaginé les actifs de bureaux de demain. Deux évidences nous sont apparues clairement. D’une part, la pluralité géographique : les quartiers d’affaires devaient être complétés — si ce n’est remplacés — par des immeubles plus petits, mieux répartis dans le paysage urbain et sur le territoire national. D’autre part, pour se fondre dans son environnement plus citadin et plus proche des autres activités économiques, nos actifs ne seraient plus exclusivement tertiaires, mais mixtes, et nos immeubles intégreraient des commerces, des logements, des espaces de services.

Alors, nos fameux comités d’investissement ont vu défiler des projets de construction ou d’acquisition de centre-ville, voire de périphérie, toujours proches de points névralgiques de transports pour s’adapter à la mobilité de nos clients. En renforçant nos relations avec les collectivités, nous avons pu redynamiser les offres de logements et le commerce de proximité, et créer des ensembles immobiliers plus verts et plus durables.

En regardant dans le rétroviseur aujourd’hui, nous comprenons qu’avec cette stratégie, nous avons été l’un des acteurs de la transformation du pays, et notamment des tissus locaux : les citadins historiques ont quitté les grandes villes, les désengorgeant et rééquilibrant l’offre et la demande. Et, à notre petite échelle, nous leur avons permis de travailler, de se loger et de vivre où ils le souhaitaient.

En cette fin de matinée de ce début de semaine, nous sommes fiers d’avoir maintenu le cap de notre transformation et d’avoir accompagné l’odyssée de l’espace de travail.


Clément Boisset

Senior manager chez BearingPoint, cabinet de conseil en management et en technologie, Clément Boisset se spécialise notamment dans la transformation et l’amélioration de la performance des organisations, l’évolution des environnements et des modes de travail ainsi que la définition de stratégies immobilières moyen/long terme.


Article issu du numéro 182 de Business Immo Global.

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