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Enfer et solutions

© Sergey Nivens / Adobe Stock

L’apocalypse, selon Guillaume Poitrinal. L’entrepreneur, cofondateur de WO2-Woodeum de WO2 et ancien dirigeant d’Unibail, vient de publier son manifeste sur l’écologie sous la forme d’un deuxième livre – « Pour en finir avec l’apocalypse, une écologie de l’action » (Stock). Dix ans après avoir plaidé (en vain pour l’heure) pour une nécessaire et salutaire simplification administrative, il s’attelle au chantier qui va nous occuper sur plusieurs générations : la transition environnementale.

L’opus de Guillaume Poitrinal est d’abord un coup de gueule contre les partisans de la décroissance. Un coup de gueule qui fait du bien tant les prêcheurs de déconsommation occupent, ou plutôt squattent, l’espace médiatique. C’est aussi et surtout un cri d’alarme sur une société du renoncement. Des petits renoncements de Camille, son personnage semi-imaginaire, à celui du politique, y compris au plus haut de l’exécutif. L’immobilier et les infrastructures en sont les premières victimes, depuis l’abandon de Notre-Dame-des-Landes jusqu’à ceux d’EuropaCity, de la gare du Nord, du projet Mille Arbres… jusqu’à l’interdiction de développer des espaces commerciaux en périphérie. On y ajoutera volontiers les centaines de projets d’immeubles qui ne se construisent pas faute d’obtention de permis de construire ou qui sont rabotés en dépit du plan local d’urbanisme existant.

La première vertu de cet ouvrage est de poser un regard assez lucide sur la manipulation mentale qui s’exerce sur les jeunes, avec l’aval et la complicité de certains « boomers », et qui voudrait nous faire croire que troquer un tracteur pour une charrue suffira à sauver la planète.

Mais il est plus intéressant de se pencher sur les solutions. Guillaume Poitrinal est un entrepreneur. Il est par nature optimiste. C’est aussi un chef d’entreprise. Sa première responsabilité est de ne pas envoyer ses collaborateurs, ses partenaires, ses associés dans une impasse au nom d’un déni. Aussi, il doit faire d’une contrainte une série d’opportunités. Cette contrainte, « l’ennemi public numéro un », c’est le rejet de CO2.

Plutôt que de fermer les yeux, de se boucher le nez ou d’implorer une aide divine, Guillaume Poitrinal propose de se retrousser les manches et d’aborder le sujet sous l’angle certainement le plus efficace : celui de la valeur. Il prend l’exemple de Tesla, qui vend des voitures trois fois le prix de l’entrée de gamme des autres constructeurs automobiles et qui vaut à l’entreprise d’Elon Musk de valoir à elle seule plus que tous ses concurrents réunis. L’illustration même d’un processus schumpétérien de création de valeur qui agace les uns et effraie d’autres.

Si le bas carbone coûte cher, il peut rapporter gros. L’immobilier sera un formidable terrain de jeu pour recréer de la valeur autre que par le seul jeu des taux d’intérêt. Une part croissante des consommateurs serait prête à payer plus cher un produit à faible émission carbone, parie Guillaume Poitrinal dans son livre. Oui, à la condition de fournir le thermomètre qui permet de mesurer son degré d’adaptabilité avec un nouveau monde décarboné. C’est finalement la seule chose que notre éco-moderniste demande à l’État. Puisse ce dernier l’écouter.

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