La semaine de la rentrée s’inscrit sous le signe de la sobriété. Sobriété énergétique évidemment. La Première ministre, Élisabeth Borne, a lancé aux Universités d’été du Medef un appel à la mobilisation générale des entreprises pour éviter le « black-out » cet hiver. L’objectif est de réduire de 10 % la consommation énergétique des entreprises pour pallier un rationnement qui toucherait d’abord ces dernières.
Dans l’immobilier, ce « plan de sobriété énergétique » passe par une succession de petits gestes : extinction des enseignes lumineuses, obligation de fermer les portes pour les magasins qui ont recours à la climatisation, régulation de la température dans les locaux des entreprises… Une politique des petits pas dictée par l’urgence et qui passe d’abord par une chasse au gaspi. Mais les enjeux sont beaucoup plus conséquents. Plus que de la sobriété, c’est de l’efficience énergétique dont vont avoir besoin les entreprises. Pas seulement pour un hiver.
Pour l’industrie immobilière, il s’agit en même temps d’un incroyable défi et de formidables opportunités. Les professionnels se sont saisis très tôt de la question énergétique sous l’impulsion du Plan bâtiment durable. Certes, le facteur prix n’a pas encore réellement pesé dans la balance, en particulier dans la décision des utilisateurs. Pour autant, la question énergétique est désormais clé dans la compétitivité d’un actif. La mise en œuvre du Décret tertiaire, avec une première étape qui consiste à mesurer la consommation énergétique et à la déclarer à partir du 30 septembre 2022 sur la plate-forme gouvernementale Operat, devrait sensiblement accélérer le différentiel entre les actifs.
La main invisible du marché se chargera de mettre de côté les passoires thermiques. À la condition toutefois d’avoir la capacité de mesurer correctement et finement les consommations énergétiques. Là s’engage un nouvel enjeu, celui de passer du bricolage à l’industrialisation dans la collecte et le pilotage des données. Les dernières levées de fonds des PropTech sur la thématique de l’efficacité énergétique montrent que s’ouvre un nouveau marché. Avec de nouveaux acteurs. Avec de nouvelles propositions de valeur. Avec de nouvelles perspectives de création de la valeur. La sobriété ne sera pas synonyme de décroissance. Enfin, pas pour tout le monde.
