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Philippe Journo (Compagnie de Phalsbourg), Bertrand Dosseur (Explore/Codata)

« Le développement du digital ne peut pas aller sans une innovation physique »

Le Mapic, miroir de l’immobilier de commerce depuis 27 ans et rendez-vous incontournable de l'immobilier commercial, a sélectionné quatre thèmes dans cette série d’interviews croisées d’avant-salon, donnant la parole à des promoteurs, bailleurs, investisseurs et opérateurs. Après un premier volet sur les concepts durables, avec un échange entre Antoine Frey (Frey) et Nathalie Robin (BNP Paribas Cardif), un deuxième sur le mix-used, sur lequel Jacques Ehrmann (Altarea) et Marco Balducci (Nhood) ont donné leurs visions, un troisième qui a vu Adrien Charpentier (ECA2) et Maurin Nadal (SCC) s’exprimer sur les loisirs, voici le quatrième et dernier volet, sur l’innovation. Philippe Journo (Compagnie de Phalsbourg) et Bertrand Dosseur (Explore/Codata) reviennent ici plus spécialement sur les data, jugées souvent essentielles dans la prise de décisions.

En partenariat avec Mapic

Philippe Journo et Bertrand Dosseur © @dr

Business Immo : Quels types de données utilisez-vous ? Comment vous les procurez-vous et à quoi servent-elles ?

Bertrand Dosseur : En tant qu’expert de la donnée immobilière depuis 25 ans, le groupe Explore collecte, qualifie et diffuse des données à forte valeur ajoutée pour les métiers de la promotion, les commercialisateurs et les enseignes. Nous nous appuyons sur des sources multiples, en particulier la presse, les communiqués d’entreprise, les réseaux sociaux et, de plus en plus, l’open data. Lorsque nécessaire, nous procédons à des enquêtes téléphoniques pour assurer un haut niveau de qualité et de complétude de nos données. Notre filiale Codata dispose également d’équipes d’enquêteurs qui vont recenser les points de vente physiques sur site en France, Belgique et Luxembourg. Explore dispose d’un savoir-faire reconnu sur l’ensemble de la chaîne de valeur, l’intervention humaine restant centrale à toutes les étapes de la production. Bien entendu, compte tenu de la masse d’informations disponibles, l’intelligence artificielle, en particulier le traitement du langage naturel, permet d’augmenter nos capacités opérationnelles de traitement.

Philippe Journo : La Compagnie de Phalsbourg conçoit l’ensemble de ses projets autour de quatre piliers incontournables : une architecture exceptionnelle, une écologie exceptionnelle, un bien-être du client exceptionnel et un digital exceptionnel. Convaincus que nos sites représentent l’avenir du commerce, aussi bien physique que digital, et confortés par leur fréquentation toujours en hausse, nous appuyons notre action sur l’amour de nos clients. Nous avons des programmes de fidélité sur chacun de nos lieux de vie et cela nous permet d’être toujours au plus proche des attentes de ces derniers. Nous avons installé depuis dix ans des compteurs à l’entrée de chaque magasin ; cela nous permet de mesurer l’attractivité réelle de chaque enseigne. Nous avons ouvert il y a quatre ans le premier et unique centre au monde qui soit physique et digital. En effet, à The Village, les achats sont possibles pour nos clients à partir du stock du magasin, et ce, même si la boutique est fermée. Lors de la crise du Covid-19, cette approche a été particulièrement appréciée par nos partenaires-enseignes comme nos clients. Les marques présentes sur la marketplace du centre, conçue par notre partenaire Wishibam, ont réalisé un chiffre d’affaires supérieur à celui de l’année précédente malgré les trois mois de fermeture administrative. Tout cela est possible grâce à l’innovation constante dont nous faisons preuve sur chacun de nos projets.

BI : Explore/Codata travaille sur les données piétons. Que constatez-vous depuis la réouverture des lieux de commerce suite à la crise sanitaire ?

BD : Nous opérons depuis peu la mise en regard des flux piétons avec l’observation de l’offre commerciale, il me serait donc difficile de vous répondre. En revanche, nous observons une réelle prise de conscience de nos utilisateurs quant à la nécessité de créer des polarités commerciales attractives susceptibles d’augmenter les flux, tant en volume qu’en qualité. Il s’agit non seulement de s’implanter dans un secteur attractif, mais également de réfléchir en matière de complémentarité d’offre à l’échelle d’une rue ou d’un micro-quartier. Ici encore, l’approche « data driven » permet d’objectiver l’existant et de projeter des scénarios robustes et réalistes.

BI : Pensez-vous qu’une enseigne ou un bailleur peut s’appuyer sur des données pour prendre des décisions stratégiques et à quelles conditions ?

BD : Je serais tenté de dire que nos données sont incontournables pour qui veut développer son business et consolider ses positions ! De fait, plus de 30 000 utilisateurs s’appuient au quotidien sur nos solutions, aussi bien pour comprendre leur environnement de marché que pour engager concrètement des actions de prospection commerciale. Par exemple, nos utilisateurs pourront analyser l’offre commerciale, détecter des opportunités d’implantation, connaître les projets commerciaux à venir, évaluer les besoins par activité, identifier les enseignes non présentes et la vacance commerciale, connaître l’identité des propriétaires… et tout cela, sans avoir à se déplacer ! Nous prenons un soin tout particulier à produire des données de qualité tout autant qu’à développer les interfaces les plus intuitives, adaptées aux métiers de nos utilisateurs, au plus proche de leurs problématiques.

BI : Quelle est votre position sur la confidentialité de ces données, leur propriété ? Les enseignes disent souvent vouloir les garder pour elles ?

PJ : Nous observons une stricte confidentialité et une stricte neutralité envers nos enseignes partenaires. Les marques peuvent parfois dire qu’elles ne souhaitent pas partager leurs données. En réalité, il y a souvent une compétition interne entre la direction immobilière et la direction des systèmes d’information. Or, nous sommes persuadés que tous ont à gagner à être présents sur les plates-formes digitales de nos centres. En effet, les enseignes qui ont les meilleurs résultats sont celles qui jouent sur les deux canaux. Ils ne se concurrencent pas, mais s’additionnent. À The Village, premier centre phygital au monde, nous avons fait le constat qu’un client multicanal dépense 43 % de plus qu'un client omnicanal. C'est aussi pour cela que nous avons 500 000 adhérents à notre programme de fidélité, contre 30 000 sur d'autres sites.

BD : En tant que professionnels de l’information économique, nous veillons à ce que les données que nous produisons ne contreviennent ni au secret des affaires, ni aux différentes réglementations en vigueur (respect de la propriété intellectuelle des auteurs, conformité au RGPD…). Récemment, nous avons recruté une DPO (déléguée à la protection des données) de façon à nous assurer du respect des meilleures pratiques sur ces sujets.

BI : Plus largement, l’innovation prend quelles formes aujourd’hui chez Compagnie de Phalsbourg ? Diriez-vous que l’immobilier de commerce innove ?  

PJ : Les zones commerciales ont progressivement gagné en qualité, avec une bascule en 2012 au moment où nous créons L’Atoll, près d’Angers. Les zones commerciales étaient jusqu’alors des ensembles très inesthétiques, et nous avons bousculé ce paradigme en développant des centres à ciel ouvert avec une forte dose d’architecture, d’écologie et d’entertainment. L’amour du client nous a guidés dans chacune de nos réalisations. Nos centres sont de véritables lieux de vie où les visiteurs peuvent profiter de lounges VIP, d’espaces de jeux pour enfants, de restaurants, de spectacles, de décorations festives et d’un grand nombre de services à la personne. La Compagnie de Phalsbourg a toujours défendu l’idée que le développement du digital ne pouvait pas aller sans une innovation physique. Nous l’avons démontré à The Village.

Pour plus d’informations, découvrez le programme sur www.mapic.com

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