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Paradoxe(s)

Le marché de l’immobilier d’entreprise n’est plus à une contradiction près. Maurice Gauchot l’a rappelé à juste titre à la tribune du dernier Matin Business Immo. Dans une période de crise économique persistante (« du jamais vu », reconnaît le président de CBRE France), on pourrait s’attendre à une dégringolade du marché locatif. Et pourtant, le niveau de la demande placée de bureaux en Ile-de-France s’accroche au seuil symbolique des 2 millions de m2. Tant bien que mal et avec l’aide de certains grands clés-en-mains. La demande exprimée résiste, même si « les grandes entreprises donnent l’impression d’enjamber 2012 pour reporter leurs projets d’implantation à 2013 et plus », soupire Maurice Gauchot. L’offre disponible affiche une étonnante stabilité alors que les utilisateurs rendent des mètres carrés. Et cette stabilité permet de retenir la chute des loyers sans pour autant inverser la pression à la baisse qui frappe toute l’Ile-de-France, exception faite des quelques joyaux parisiens.

A l’investissement, le marché est tout aussi… paradoxal. Les liquidités sont là. La France reste dans le scope des investisseurs institutionnels, comme l’a rappelé Nico Tates, Head of Direct Property – Continental Europe d’Aberdeen Asset Management. La prime de risque du bureau « prime » n’a jamais été aussi favorable. On trouve même un avocat – Laurent Modave, de Gide Loyrette Nouel – pour nous expliquer que le nouveau contexte fiscal pourrait rendre attractif les véhicules d’investissement immobilier français. Et pourtant : si les volumes d’engagement sont en hausse depuis le début de l’année, c’est avant tout à la faveur de trois transactions qui représentent le quart des volumes. Paris peut dire merci aux qataris. Mais, en définitive, le marché est appelé à se contracter, faute du traditionnel rallye de fin d’année selon Maurice Gauchot. On revient sur une fourchette de 10 à 12 Mds€ en lieu et place des 14 à 16 Mds€ espérés en début d’année.

Qu’est-ce qui bloque ? L’aversion au risque. Des investisseurs d’abord. Le témoignage de Marie Aymard-Lefaure, chef du service immobilier de la Carmf, en est l’illustration. Si la caisse de retraite ambitionne d’augmenter son allocation sur l’immobilier, elle veut se positionner avant tout sur « du Core, du Core et encore du Core ». Même prisme chez les financeurs qui, banquiers ou assureurs, iront chercher des actifs sécurisés, comme l’a rappelé Frédéric Ciuntu, directeur général d’ING Real Estate France. Sorti du « prime », point de salut.

Quand cela peut-il changer ? Quand la croissance sera revenue. Et là, malgré les efforts de Mario Draghi à la tête de la BCE (Banque centrale européenne), les perspectives restent sombres. Pas seulement en zone Euro, a rappelé Jean-Marc Daniel, mais également aux Etats-Unis. En France, l’économiste a rappelé les contradictions des politiques qui appellent à la compétitivité des entreprises en augmentant de 10 Mds€ leur niveau de prélèvements obligatoires. Une manière de renvoyer la croissance aux calendes grecques. Vous avez dit paradoxes ?

> Voir le portfolio du Matin de l'immobilier du 11 septembre

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