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Double peine

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Et si nos élus étaient finalement les premiers punis de leurs décisions ? La batterie de mesures et d’annonces coercitives qui continue de s’abattre sur l’immobilier pourrait finalement se retourner contre ceux qui les initient. Cette impression que les politiques donnent de jouer contre leur camp a été décuplée par l’écho de salons comme le Simi ou de congrès comme celui de la Fnaim.

Car que constate-t-on aujourd’hui ? D’un côté, des élus locaux bombardés VRP de luxe pour vanter l’attractivité de leur territoire. Le Simi en a livré une palette assez fournie. Quelle que soit leur couleur politique, des maires, présidents de communautés de communes, représentants de syndicats d’initiatives… ont mouillé la chemise pour « vendre » leur territoire à des développeurs, investisseurs, ou grands utilisateurs. Souvent avec brio et conviction, et surtout avec un souci commun de reconstruire la ville sur la ville et une vision urbanistique cohérente qui mixe toutes les composantes immobilières (bureaux, commerce, résidentiel, logistique, activité…). Avec également les mêmes contraintes : une absence drastique de moyens de financement. « A vot’ bon cœur m’sieurs les investisseurs ! ». Un refrain qui risque de devenir un tube dans les années à venir.

Mais, de l’autre, on voit des élus de la représentation nationale qui votent, à l’arraché, de nouvelles contraintes pesant sur l’industrie immobilière – tout dernièrement celle de l’aggravation de la taxation des plus-values. Elles se doublent de messages anxiogènes pour le marché, avec pour illustration l’insoutenable (faux) suspense autour des réquisitions.

Au final, c’est la double peine que s’infligent ces élus. D’une part, les crispations alimentées autour du marché immobilier vont impacter directement les caisses des collectivités locales, grassement alimentées par les droits de mutation. A Paris, un marché pourtant loin du spectre de la crise immobilière, on anticipe déjà une baisse de près de 25 % de ces derniers, à 900 M€ en 2013. Quid des communes moins bien loties ? La péréquation territoriale suffira-t-elle à passer le cap des élections municipales de 2014 ? De l’autre, tout est fait pour dissuader les investisseurs. Privés comme institutionnels d’ailleurs. Les premiers n’iront pas sur le logement, un placement à peine mieux rémunéré que le livret A, sans une carotte fiscale beaucoup plus conséquente que celle proposée. Peu de chance de les convaincre en essayant de jouer sur une quelconque fibre sociale. Les seconds limiteront leur prise de risque à des placements Core, quitte à fabriquer une bulle spéculative sur certains trophy assets comme il en existe une sur le marché obligataire.

Moralité. Nos VRP élus locaux risquent de s’épuiser à vanter les attributs de leur territoire de prédilection si, dans le même temps, ils ne font pas leur aggiornamento sur les bancs du Parlement et dans les antichambres des ministères.

Mots-clés : FNAIM, Livret A
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