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Faut-il sauver le soldat Sovafim ?

© Gary Blakeley

L'Etat n'est plus à un acronyme près. Et pourtant, celui de la Sovafim (Société de valorisation foncière et immobilière) continue de titiller quelques politiques et hauts fonctionnaires à en croire les rapports qui fusent : un du Sénat l'été dernier, un autre de la Cour des Comptes cet hiver.

Que reproche-t-on à cette (petite) foncière publique atypique ? De ne pas être utile d'abord. La Cour des Comptes se plaît à rappeler que la mission initiale de vendre les biens inutiles de RFF est quasi-achevée. Et comme la nouvelle feuille de route de la Sovafim n'est pas claire - elle a été changée à trois reprises - autant fermer boutique. D'autant que le "plan de charge" n'est pas suffisant. Certes, faute d'être abondée de dossiers par les ministères et autres organisations ou établissements publics, la Sovafim en est presque à mendier les opérations pour exister. Mais, à qui la faute ? Aux ministères qui ont toujours autant de mal à se défaire de leurs pseudo-prérogatives immobilières ? A Bercy, qui n'arrive pas à imposer sa discipline au travers d'un accord entre France Domaine, la Sovafim et les ministères ? A France Domaine qui voit la Sovafim tantôt comme un concurrent potentiel, tantôt comme un parasite ?

Les sages de la rue Cambon égratignent timidement l'activité première de la Sovafim, celle d'un marchands de biens qui s'est mué en foncière. On se plaint de la baisse d'activité et de rentabilité d'une société qui va dégager un bénéfice de 14 M€ en 2013 pour un chiffre d'affaires d'à peine 35 M€. On critique l'absence de dividende pour l'Etat tout en rappelant que le bénéfice distribuable est d'un montant "significatif" (en l'occurrence 48,2 M€ en 2012).

Bref, cela ressemble davantage à une motion de défiance qu'à une réelle critique d'un business model. En réalité, l'Etat a rendez-vous avec la création de valeur, une notion qui est par essence nouvelle, voire même expérimentale, pour le service public. Mais qui traduit une réalité économique à laquelle l'Etat, les opérateurs publics et les collectivités territoriales ne peuvent plus échapper.

L'opération de l'îlot Fontenoy-Ségur sera, à coup sûr, le juge de paix pour la Sovafim qui y joue, au-delà de sa crédibilité, son avenir. Elle a reçu un timide soutien de Bercy, qui assure que l'Etat a "besoin d'un acteur capable de maximiser la valeur des biens complexes et peu liquides, rôle qui ne peut être tenu par France Domaine". Ni par un autre opérateur public ou privé visiblement. Et comme la nature (économique) a horreur du vide...