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Projet blanc contre blanc projet

© NICOLAS TUCAT / AFP

La primaire de la droite et du centre pour les élections présidentielles de 2017 vient de propulser François Fillon et Alain Juppé au second tour. Qu’en est-il de leur programme immobilier, pardon, du logement, puisque le secteur immobilier ne représentant que 55 % de l’investissement national et 2 millions d’emplois n’est visiblement pas un secteur suffisamment clé dans l’économie nationale pour avoir grâce aux yeux d’un quelconque candidat à la plus haute fonction exécutive de l’Etat.

Revenons donc au logement. François Fillon et Alain Juppé, que tout le monde tente d’opposer, se rejoignent sur de nombreux points concernant leur vision de la politique du logement. A la lecture des interviews qu’ils nous ont accordées, apparaît une même détestation de la précédente ministre du Logement, Cécile Duflot, et de la loi Alur qui reste la pierre angulaire de sa vision du logement. Les deux finalistes de la primaire annoncent l’abrogation de la loi Alur et de sa mesure la plus symbolique : l’encadrement des loyers. Cette position commune ne les éloigne pas tellement de celle de l’actuel premier ministre, Manuel Valls, qui n’a cessé de détricoter la loi initiée par Cécile Duflot et de cantonner l’encadrement des loyers à Paris à « titre expérimental ».

Dans la continuité aussi d’une politique du logement qui ne souffre plus de toute forme d’alternance, la poursuite de la perfusion fiscale pour favoriser l’investissement et l’accession à la propriété alors même que tous deux plaident pour une baisse des dépenses de l’État. Alain Juppé propose de reconduire les dispositifs Pinel et PTZ et même de les ancrer pour cinq ans, apportant une stabilité fiscale inédite en France. François Fillon, lui, propose de revenir à un régime d’amortissement pour le bailleur privé et de recentrer le PTZ sur le neuf, à l’exception des zones rurales.

Le logement social est l’autre cible commune des deux candidats de la droite du centre et leurs propositions marquent, pour le coup, une vraie rupture avec la gauche. François Fillon et Alain Juppé annoncent tous deux une réforme de la loi SRU. Le premier veut limiter le ratio de 25 % de logements sociaux au flux de nouvelles constructions et non au stock. Le second souhaite descendre ce ratio à 20 % en zone non tendue et le plafonner à 40 % au nom de la mixité. Mais au-delà des questions de seuils, de ratios ou de pourcentages, c’est bel et bien un examen critique envers les HLM auxquels se livrent les deux candidats de la droite et du centre. Alain Juppé entend renverser la dynamique de production de logements en faveur du locatif privé, arguant d’un parc social abondant. François Fillon propose de construire un nouveau modèle économique du logement social avec plus de flexibilité pour les organismes HLM qui pourraient gérer du logement classique et même ouvrir leur capital. Bref, en faire de véritables foncières à terme. Les deux ouvrent grand la porte aux investisseurs privés et, par ricochet, aux institutionnels.

A ce stade, sur la question du logement, les différences entre François Fillon et Alain Juppé semblent aussi fines que du papier à cigarette. Quant à l’industrie immobilière, elle attendra… une fois de plus.

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