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La belle au bois dormant

© Jo-B / Pixabay

« Le capital immobilier, c’est du capital endormi ». La formule est d’autant plus assassine pour le secteur qu’elle émane d’Edouard Philippe lors de la présentation du plan d’actions pour l’investissement et la croissance des entreprises et dont l’une des mesures symboliques repose sur la suppression de l’ISF au profit de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).


Le premier ministre a-t-il enterré les derniers espoirs de l’Aspim de sortir les SCPI et OPCI du champ d’application de l’IFI ? Paradoxal à l’heure où - à en croire le secrétaire d’Etat à l’économie Benjamin Griveaux - la France ambitionne de devenir la principale place financière de l’Europe de corseter ainsi un pan entier de l’industrie de gestion de fonds immobiliers qui rencontre l’adhésion des investisseurs privés comme institutionnels.


Edouard Philippe a-t-il tué dans l’œuf les propositions de la FSIF pour stimuler l’activité des SIIC. Dommage car la simple restauration d’un taux réduit d’impôt sur les sociétés pour les entreprises qui cèdent leur immobilier à des investisseurs immobiliers institutionnels (le fameux 210-E du code général des impôts) pourrait rapporter jusqu’à près de 2 Mds€ pour l’Etat sur cinq ans.
Avec cette petite phrase, l’ancien adjoint à l’urbanisme de la ville du Havre cantonne ainsi l’immobilier à l’économie de la rente et réfute ses velléités de devenir un acteur de la ville et de l’économie territoriale. Alors même que ses arguments sont solides : 10% du PIB et plus de 2 millions d’emplois selon une étude d’EY, en partenariat avec la Fondation Palladio et Business Immo.
In fine, l’immobilier ne va pas subir d’aggravation de sa fiscalité avec la création de l’IFI, mais encaisse bel et bien un coup sévère porté à son attractivité. L’ensemble de la filière paye une certaine inertie et une démarche d’innovation en ordre dispersé.


Dans son livre « L’immobilier demain », co-écrit avec Vincent Pavanello, Robin Rivaton est sans états d’âmes avec un secteur qui, selon lui, souffre de trois maux : « une incapacité à générer les gains de productivité attendus ; des asymétries d’information et des coûts de transaction élevés aboutissant à une mauvaise adéquation entre l’offre et la demande ; une absence d’économies d’échelle due à l’éparpillement des acteurs » ! Atteint de la « maladie des coûts », le secteur immobilier ne devra pas attendre la fin du siècle avant de se réveiller sous peine de rester une variable d’ajustement des finances publiques. D’autant qu’il n’est pas sûr que la belle endormie soit réveillée par le prince charmant.

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