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Point de vue Diana Diziain, Afilog

Architecture : la logistique impose ses règles

Chapelle International, dans le 18e arrondissement de Paris. © Espaces Ferroviaires_Toolz

Finis les entrepôts grisonnants en bord de rocades ! Aujourd’hui, la logistique est une composante essentielle du quotidien des Français, et elle ne s’en cache plus. La tendance est désormais à l’embellissement des bâtiments, voire à la multimodalité, et l’objectif est clair : une intégration toujours plus naturelle.

En France, la logistique occupe près de 78 millions de m2. Uniquement pour les activités liées à la distribution des marchandises, cela représente entre 10 % et 20 % de l’espace public. À l’ère où les citoyens sont de plus en plus exigeants sur la qualité environnementale, mais tout aussi adeptes d’une livraison express, repenser les espaces logistiques est devenu une nécessité. Car au-delà de l’aspect visuel, faire du beau est surtout une question d’image.

Vers une valorisation des entrepôts

La tristesse des bâtiments grisâtres dérange ? Les allers-venus intempestifs des camions troublent la quiétude des riverains ? En matière de cadre de vie et d'environnement, la logistique a beaucoup à jouer et les collectivités sont de plus en plus sensibles à la qualité de l’intégration paysagère. Plus loin que la simple idée de « cacher », améliorer l’esthétique permet de porter un regard différent sur des bâtiments techniques et facilite l’acceptation de projets qui n’ont pas toujours la cote. Désormais, les architectes regorgent d’idées pour donner aux entrepôts une véritable esthétique. Bien sûr, l’entrepôt reste un outil technique et doit conserver cette vocation, mais les gestes architecturaux s’adaptent pour permettre aux villes et aux campagnes d’assumer pleinement ces objets, dont elles ont tant besoin.

A minima, les façades s’animent et s’habillent de couleurs, les plafonds revêtissent des robes végétales... Mais des exemples de plus grande envergure voient également le jour, tels que Chapelle International ou Paris Air2, avec une dimension sociétale clairement exprimée. La conception des plates-formes de stockage intègre des parcours santé, des équipements sportifs, voire de l’agriculture urbaine. Et si ces nouveautés ne sont pas encore généralisées, elles traduisent une réelle volonté d’apporter une note plus culturelle et confortable pour les citoyens, mais aussi pour les salariés.

Quand l’architecture logistique crée de la valeur

Oui, la qualité architecturale renforce la valeur financière d’un actif, mais elle contribue aussi à une richesse beaucoup plus immatérielle et tout aussi indispensable : l’implication des équipes. Pourvoyeurs d’emplois en nombre et à tous les niveaux de qualification, la logistique est en quête de jeunes Millenials cools et dynamiques pour rejoindre ses rangs et adopte peu à peu ses codes : confort, flexibilité, design, originalité, développement durable. En effet, les salariés de plus en plus regardants sur leur cadre de travail ne se contenteront plus d’un PC gris et d’un bureau blanc sans fenêtre. Consciente de cette évolution, la logistique pense global, renforce l’éclairage naturel, investit sur l’agencement des espaces intérieurs et les matériaux, travaille sa signalétique interne pour être plus conviviale… Objectifs : supprimer l’ennui, ramener de l’espace, de l’air et de l’originalité. Et cela fonctionne puisque 100 % des salariés évoluant dans ces nouveaux environnements se disent plus satisfaits de leurs conditions de travail et le nombre de jours d’arrêt de travail a été divisé par deux.

Vers une pérennisation des bâtiments

Qualitative et ambitieuse, l’architecture logistique conquiert ses lettres de noblesse et va désormais plus loin dans sa démarche en s'intéressant à la question de durabilité de ses actifs. À l’heure actuelle, la durée de vie d’un bâtiment est calculée sur 30 ans, mais qu’en est-il au-delà ? Aujourd’hui, les certifications imposent de savoir comment détruire un entrepôt, mais ne pensent pas à sa réhabilitation. Or, s’il y a bien une volonté de la part des acteurs, c’est celle d’éradiquer les friches logistiques. Comment y arriver ? En généralisant la construction de bâtiments multimodaux qui puissent accueillir d’autres activités. Sur les nouveaux projets urbains dédiés aux activités commerciales ou tertiaires, pourquoi ne pas systématiser cette dualité en réservant par exemple 20 % pour la logistique ? Cela favoriserait qui plus est un certain équilibre financier des opérations.

Changeons notre logique. Plus que jamais, en matière d’architecture, les années passent et les bâtiments restent !