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Point de vue de Gabrielle Millan, Using City

Le logement face aux télétravail et télé-études : la fin du métro boulot dodo ?

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À l’heure de la crise sanitaire, le télétravail et les télé-études deviennent des phénomènes impactant ainsi directement le rapport domicile - travail et domicile - écoles.

Les entreprises, les écoles supérieures et les facultés se sont adaptées rapidement et ne prévoient pas de retour à 100% de presentiel mais plutôt un mi temps presentiel et mi temps virtuel. Il faut dire que pour elles, la situation leur permet de faire baisser un coût immobilier déjà très présent dans leurs budgets pour arriver à une baisse potentielle de 11 millions de mètres carrés tertiaires à horizon 2030 (source étude Natixis). 

Dans ce contexte, actifs comme étudiants vont adapter leur choix de logements puisqu’il ne s’agira plus d’être dans le rythme bien connu du « métro-boulot-dodo ». Les critères évoluent comme nous allons l’expliquer.

La fin des micro surfaces? 

Les petits logements centraux sont les premiers à pâtir de cette situation puisqu’ils ne permettent pas d’y travailler confortablement. Le logement adapté au télétravail ou aux télé-études est un logement avec un espace de travail intégré, un vrai « coin bureau » qui ne peut plus être ponctuellement un canapé ou une chaise de salle à manger. On aimera aussi y trouver un espace extérieur permettant de prendre l’air pendant une journée de télétravail et rendre l’appartement plus agréable. 

Ainsi, on peut facilement imaginer que le petit appartement sombre, situé en centre ville, dans lequel il est impossible de s’installer un bureau et qui ne dispose pas de surface extérieure sera moins plébiscité. La charge financière du logement pour un étudiant a toujours été un casse tête, on peut aisément identifier l’intérêt limité que représentera à l’avenir un petit logement cher central par rapport à un logement plus grand moins cher et plus au vert.

La fin d’un emplacement central?

Nous notons aussi que s’ajoute à la problématique de la taille, celle de l’emplacement qui change. Depuis toujours, l’emplacement le plus recherché est celui à proximité des transports, des commerces et des lieux de sortie.  Ainsi, un vieux logement mal isolé et peu confortable a toujours trouvé preneur à partir du moment où son emplacement était proche de toutes les commodités afin de réduire le temps de transports des occupants.

Aujourd’hui, le télétravail et les télé-études renversent la donne. En effet, à partir du moment où vous ne devez plus vous déplacer tous les jours mais uniquement la moitié de la semaine tout au plus pour prendre les transports, votre vision de l’emplacement évolue. La livraison à domicile, renforcée ces derniers mois avec la période de confinement, n’oblige plus à habiter aux pieds des commerces. 

Il est évident que le premier critère de choix d’un appartement ne sera plus nécessairement sa position centrale en cœur de ville à proximité directe des transports. Un espace extérieur et un peu plus de surface pour s’installer un bureau confortable sont autant de nouveaux critères qui font leur apparition. 

Un nouveau logement type ?

Fort de ce constat, le logement neuf évolue pour s’adapter à la nouvelle donne. Au sien des nouveaux programmes de logements, les promoteurs réfléchissent à l’intégration d’espaces communs de télétravail avec wifi au sein des parties communes des immeubles, ou encore à rajouter une pièce « bureau » dans les appartements qu’ils proposent et un espace extérieur systématiquement. Ainsi, ces logements permettront à leurs occupants de travailler de chez eux dans de bonnes conditions.

De la même façon les logements anciens vont devoir s’adapter ce qui peut faire évoluer le marché de l’investissement et de la résidence principale. En effet, les logements situés dans des secteurs plus verdoyants mais moins bien desservis n’étaient pas les plus recherchés et ce même par les familles qui privilégiaient, comme les étudiants et jeunes actifs, des logements centraux quitte à faire des concessions sur leurs surfaces et leur confort. 

D’évidence, dans les années à venir, peu feront la concession du confort et de la surface pour habiter un logement central. Les logements qui jusqu’alors étaient moins plébiscités car plus éloignés des transports vont potentiellement être davantage recherchés pour leur calme et leur espaces extérieurs, il y sera plus agréable d’y télétravailler ou télé-étudier. 

Fort de ce constat, le sacro-saint « métro-boulot-dodo » se voit remis en question tout comme les critères d’emplacement des logements. Il est fort à parier que nous ne sommes qu’au début du chamboulement du marché du logement qui va probablement simplement se rééquilibrer entre des logements obsolètes qui attiraient des occupants par défault de choix et par contrainte de gestion de leur temps de transports, et des logements jusqu’alors moins recherchés qui auront le vent en poupe pour le calme et le confort qu’ils procurent malgré leur position moins centrale. Il subsiste cependant la crise du logement sur les métropoles qui contraint souvent à choisir le logement qui est disponible faute de choix. On peut malgré tout légitimement se demander quelle sera alors l’évolution des loyers dans ce contexte puisque Paris enregistre déjà une baisse de 5% sur les petits meublés au deuxième trimestre 2020.

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