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2023, de rupture en résilience

Paris skyline © Timi Sace/CoStar

L’atonie générale des marchés immobiliers cache une année particulièrement agitée. À l’heure des bilans, 2023 sonne comme une année de rupture dans le long fleuve tranquille de l’industrie immobilière.

Une rupture d’abord sur la question de la valorisation. Après de vaines résistances, parfois solidement argumentées, les investisseurs sont sortis du déni de la baisse tendancielle de valeurs. Les vendeurs ont pu mesurer l’appétit sélectif des acheteurs et le gouffre qui s’est creusé entre leurs prétentions et les attentes des seconds. À tel point que les immeubles retirés de la vente après leur mise sur le marché ou un test « off-market » ont été légion.

2023 montre aussi la résilience du secteur. La proactivité des utilisateurs peut rassurer quelques cabinets de conseils asséchés par la chute des volumes de transaction. Nonobstant le Monopoly auquel se sont livrés les cadors du luxe et qui gonfle les volumes (et sauve le bilan de quelques investisseurs), il est rassurant de voir que des entreprises n’ont pas hésité à saisir les opportunités pour se doter d’un outil immobilier efficient. Ouf… L’immobilier ne serait donc pas qu’un produit financier, plus ou moins bien structuré, sur lequel la seule valeur ajoutée est la manière de faire tourner le tableur Excel.

Mais ce que l’on retiendra surtout de 2023, c’est la crise majeure du logement qui se déroule sous nos yeux dans un silence politique assourdissant. Ce n’est pas faute d’avoir prévenu ni même d’avoir travaillé sur moult scénarii pour sortir de l’ornière. En l’absence de volonté de l’exécutif, de ligne politique claire, de moyens financiers, de confiance dans les acteurs publics comme privés, l’un des piliers fondamentaux de notre contrat social se fissure. Et tout le monde sait comment cela va finir.

En attendant, projetons-nous en 2024. Sauf surprise, l’année devrait être marquée par de profondes réorganisations des entreprises de la filière immobilière. Le choc violent ressenti sur les marchés va se traduire inévitablement par une cure d’amaigrissement (elle a déjà commencé) et certainement par une simplification des modèles économiques et des lignes de métiers, quand bien même la matière première se complexifie.

2024 pourrait aussi être une année de pénurie. Pénurie de logements, neufs ou anciens, abordables ou non, à l’accession comme à la location. Pénurie de foncier à l’heure de la mise en œuvre du ZAN. Pénurie de bureaux… de qualité s’entend. Pénurie de financement pour s’attaquer au mur de la décarbonation.

Ce qu’il ne faudrait pas, c’est de se retrouver en pénurie d’idées et d’agilité. Car 2024 s’annonce aussi « rock’n’roll » que l’année qui s’achève. Bonnes fêtes !