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En même temps

Nicolas Ferrand, Tony Estanguet et Emmanuel Macron © Ludovic Marin - AFP

Le hasard du calendrier voulait qu’Emmanuel Macron célèbre le savoir-faire des bâtisseurs de la ville la semaine où ses principaux représentants, les promoteurs immobiliers, publient des résultats catastrophiques. Des résultats qui confirment le « cataclysme » annoncé.

Le président de la République a inauguré le Village des athlètes dont les clés ont été officiellement remises au Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) par le maître d’ouvrage de l’ensemble, la Solideo. Le président s’est enthousiasmé de la capacité de construire en un « temps record » un morceau de ville (6 000 habitants et 6 000 salariés) « exemplaire sur le plan social et environnemental » (-47 % de CO2), soulignant qu’il s’agit là de « l’aventure d’un siècle ».

On serait presque surpris de sa surprise. « L’aventure d’un siècle », elle devrait avoir lieu tous les jours, ne serait-ce que pour satisfaire les besoins en logement de nos concitoyens. Elle devrait avoir lieu avec les mêmes règles de départ, stables à défaut d’être immuables. Les conditions de réussite du Village olympique sont présentées comme un exploit. Des immeubles réversibles grâce à un permis de construire à double état. Un délai de six ans malgré le Covid-19 pour réaliser 330 000 m² de plancher sur trois communes quand il en faut 15 en moyenne. Mais ce régime d’exception devrait être la norme, non ?!

Plus qu’une vitrine, le Village des athlètes est un « manifeste des grandes questions urbaines du XXIe siècle », rappelle très justement Nicolas Ferrand, directeur général exécutif de la Solideo. La question est de savoir si on aurait eu le luxe de se payer un tel « manifeste » dans la conjoncture actuelle ? Pas sûr. On demande à voir la rentabilité économique des opérations. Les logements, si sobres soient-ils, se vendent mal comme tous ceux qui ont été lancés depuis 18 mois. Le challenge sera tout autant relevé pour remplir des bureaux, quelle que soit leur efficience. Après tout, les « spéculateurs » font le boulot. Ils investissent. Ils assument les risques.

Emmanuel Macron vient célébrer la capacité de construire au moment où la construction s’effondre. Il vient louer le génie des promoteurs au moment où ceux-ci ont un genou à terre. Cela doit être une interprétation du « en même temps » que l’on appréciera à l’aune des 300 000 emplois que le secteur de la construction risque de perdre si la politique de l’autruche persiste. Il n’est jamais trop tard pour relever la tête.

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