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Ligne de crête

Sur une ligne de crête... © Adobe Stock

Les éclaircies se font encore rares dans le ciel des marchés immobiliers. Sur le seul segment du logement, une note de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) relève un repli de plus de 5 % en 2023 de l’investissement des ménages qui recouvre les achats de logements neufs, les rénovations et les frais d’acquisition. Pour 2024, cet indicateur devrait chuter encore de 4 %. Nonobstant le manque à gagner fiscal, ce recul de l’activité pèse sur la croissance économique. Il en aura coûté 0,3 point de croissance en 2023 selon l’Insee, et l’impact sera encore de 0,22 point cette année à en croire l’OFCE. L’adage qui veut que quand le bâtiment va, tout va, n’aura jamais été aussi vrai.

Passons sur l’incurie de l’exécutif sur la question, derrière ces chiffres moroses, c’est toute l’industrie immobilière qui trinque. Bouygues Immobilier vient de rejoindre le cortège des grands promoteurs qui ont annoncé l’ouverture d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Les défaillances des agences immobilières ne ralentissent pas. La crise s’est étendue à tous les segments de marché et à tous les métiers, à l’exemple du conseil NCT qui a demandé son placement en redressement judiciaire.

S’y ajoute une dimension plus psychologique, un peu pernicieuse même, qui consiste à débiner aujourd’hui ceux qui ont été les premiers de cordée hier. Unibail-Rodamco-Westfield en a fait l’amère expérience en son temps quand la première foncière du CAC40 s’est retrouvée clouée au pilori par ceux qui annonçaient la mort du commerce physique. Au tour de Primonial aujourd’hui, emporté dans le bal tragique que l’on promet aux SCPI. La mise au point de Laurent Fléchet dans nos colonnes cette semaine se veut factuelle et a le mérite de répondre aux aigris, revanchards et autres trolls qui, du bout de leurs doigts, se prennent pour les nouveaux justiciers.

Quel rôle doit alors jouer la presse économique et professionnelle ? La ligne de crête est assez ténue entre le réflexe du déni pour ne pas tirer sur l’ambulance et la tentation du sensationnalisme pour exister. L’expérience apprend que la transparence reste la meilleure des vertus pour s’approcher de la vérité. C’est quand on a le bon diagnostic que l’on peut espérer soigner un secteur malade. Force est de constater que le secteur immobilier en France, particulièrement en immobilier d’entreprise, est perfectible en la matière.

L’avenir nous dira qui, des charlatans annonçant l’explosion de la bulle immobilière ou des professeurs Coué persuadés de la « résilience » du marché, aura raison. En attendant, certains ont prouvé que l’on peut revenir de l’enfer. À condition d’avoir une stratégie, de définir un plan et d’embarquer une équipe. Il paraît que les légendes ne meurent jamais. Je vous laisse mettre le nom que vous voulez sur le mot « légende ».

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