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La stratégie de la peur

« C’est aujourd’hui le meilleur moment depuis très longtemps pour investir en Europe » : Aref Lahham, qui s’y connaît un peu en termes de timing, donne le ton. Intervenant en clôture de la conférence ULI sur « L’attractivité de la France » animée par Business Immo, le managing director d’Orion Capital Managers a tracé deux voies possibles pour l’immobilier en 2012 qui pourrait marquer une inflexion de cycle.

La première : la voie du core ou plutôt des core dont les définitions varient selon les investisseurs. Des emplacements prime, des actifs sécurisés, des produits standardisés : telle aura été la religion des investisseurs et de leurs banquiers en 2011 en France. L’immobilier, valeur refuge, a encore de beaux jours devant lui en 2012 même si la concurrence est plus rude, les actifs plus rares et les prix plus élevés. « C’est la stratégie de la peur. Elle va se poursuivre en 2012. Les actifs core vont continuer à voir leurs prix augmenter », prévoit Aref Lahham. Avec une interrogation de taille tout de même : comment fabriquer l’actif core de demain alors que les banquiers désertent l’investissement en blanc ? « En France, la création de nouveaux produits va être plus rare », confirme Frédéric Fontaine, CDO de Corio, pure-player dans l’immobilier commercial. Il va falloir s’habituer à la pénurie…

La seconde voie sera celle de l’opportunisme. « Pour la première fois depuis les années 1990, on retravaille sur des actifs aux mains des banques» détaille Aref Lahham. A une différence près : aujourd’hui, ces banques ne peuvent plus céder des actifs avec de fortes décotes car elles ne peuvent tout simplement pas acter de lourdes pertes sur leurs bilans. Ces fameux actifs distressed que des investisseurs attendent impatiemment. « Entre 2011 et 2020, ce sont 1 000 Mds$ qui seront à restructurer. Il sera très difficile pour les banques de refinancer. Nous pensons qu’il va y avoir de vraies opportunités », martèle Maximilien de Wailly, head of RREEF France. Cette potentielle source d’approvisionnement du marché n’est un sujet ni pour les fonds core ni pour leurs homologues souverains. Il l’est, en revanche, pour les acteurs opportunistes qui, cette fois-ci, devront faire une croix sur leur levier. « Nous allons traverser des moments difficiles en France. Ce n’est plus le temps de la finance. C’est le moment des hommes et des femmes de l’immobilier. Mais de nouvelles fortunes restent à faire », conclut le patron d’Orion Capital Managers.

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