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Regard croisé Michel Tolila / Alain Cauchy

La pierre transparente : la digitalisation pour une optimisation de la performance technique et environnementale

A l’heure des transitions démographique, écologique et numérique, il n’est de constante que le changement dans le monde de l’immobilier. Pour faire face à ces défis sans précédents et optimiser la performance technique et environnementale de nos patrimoines, la donnée est notre plus sûre alliée. Maîtriser ces données, c’est maîtriser son patrimoine tout au long de son cycle de vie, rationaliser la production d’indicateurs sociaux et environnementaux ainsi que maintenir l’attractivité du patrimoine dans le temps. Alain Cauchy, directeur du patrimoine groupe CDC Habitat, échange sur les défis immobiliers avec le président de la Foncière Numérique, Michel Tolila. L’urgence climatique et sociale rend nécessaire d’adopter une stratégie d’optimisation centrée sur la mesure et le partage de résultats quantifiables. Des labels relevant de l’immobilier tels que le label ISR reflètent cette prise de conscience. Quel retour sur investissement socio-climatique pouvons-nous anticiper de nos actions et investissements ? La donnée nous le dira.

Publi-rédactionnel en partenariat avec Stonal

Michel Tolila et Alain Cauchy © DR

En tant que directeur du patrimoine, vous avez la responsabilité d’un patrimoine attractif qui garantisse un confort d’usage dans la durée alors même que le secteur est confronté à une vague de changements profonds et imprévisibles sur plusieurs fronts. Quelles méthodes adopter ?

Alain Cauchy : CDC Habitat, en tant qu’opérateur global de l’habitat d’intérêt général et filiale du groupe Caisse des Dépôts, nous avons la responsabilité d’anticiper les effets de la transition démographique, écologique et numérique sur notre propre patrimoine. Mais pas seulement,  du fait de notre taille importante et de notre position sur le marché, nous voulons également impulser une dynamique dans le secteur en faveur de l’innovation responsable en mobilisant notre réseau de partenaires. Il est évident qu’il nous faut décider, dès la conception du bâtiment, des objectifs de performance, garantir cette performance lors de la phase d’exploitation-maintenance, tout au long de son cycle de vie,  et renouveler nos choix, avec une nouvelle génération de solutions, lors des réhabilitations.

Pourquoi les indicateurs extra financiers et en quoi le label ISR reflète-t-il un engagement pour un avenir durable ?

Michel Tolila : Depuis 2020, les fonds immobiliers sont devenus éligibles au label ISR (Investissement Socialement Responsable) initialement créé en 2016 par le ministère de l’Économie et des Finances. Le label permet, entre autres, de distinguer les fonds finançant la rénovation de bâti ancien pour atteindre de meilleures normes d’isolation et de performances énergétiques.

Le label ISR a ceci de spécifique qu’il ne repose pas sur la comparaison de performance avec un indice de référence, mais sur une grille de notation définie par chaque fonds. Pour obtenir ce label, le fonds doit détailler sa méthodologie, fournir des données à l’appui et démontrer de façon indiscutable qu’elle s’inscrit bien dans une démarche d'amélioration. Ce label n’est accordé que pour une durée de 3 ans, et les fonds labellisés s’exposent à des contrôles annuels.

Et le label a son paradoxe : en même temps qu’il apporte des réponses certaines à un besoin de formalisation, de mesure et d’uniformisation des engagements sociaux et environnementaux du secteur, il révèle aussi des problématiques de fond sur la donnée immobilière, sa nécessité de collecte à l’échelle du patrimoine, sa mise en qualité et son maintien en conditions opérationnelles.

Pourriez-vous partager les défis que vous avez rencontrés récemment, vous-même ou par le biais de vos partenaires, face aux exigences croissantes en matière de reporting ?

Alain Cauchy : Nous avons déjà au sein de notre Groupe des équipes engagées sur le front du label ISR. Elles construisent une démarche approfondie qui les amènent à prioriser les actions de collecte d’informations absentes des reporting traditionnels et de définition de leur granulométrie. Par ailleurs, elles rencontrent un grand nombre d’obstacles pour obtenir ces informations auprès des prestataires qui contribuent à l’exploitation-maintenance du parc, entre autres les producteurs d’énergie et mainteneurs et qui relèvent, pour certaines de données privées des locataires. A la lumière de ces nouvelles exigences de transparence, l’accessibilité à des données interopérables et fiabilisées devient une priorité. En tant que clients d’Abyla, nous avons déjà initié une démarche de digitalisation de grande envergure pour asseoir un socle de connaissance de notre patrimoine et anticiper la production d’indicateurs.

Dans quelle mesure la transformation numérique apporte-t-elle des solutions inédites à ces défis de labellisation et de transparence qui impactent le secteur de l’immobilier ?

Michel Tolila : Il nous faut travailler collectivement sur une grammaire de données commune pour que les acteurs de l’immobilier puissent communiquer avec fluidité sur nos indicateurs partagés. L’immobilier a besoin d’une solide infrastructure numérique pour consolider les données du patrimoine, les fiabiliser et les redistribuer au sein de l’écosystème d’acteurs qui gravitent autour de celui-ci. Seulement alors pourrons-nous mesurer objectivement notre progrès dans le temps, le communiquer en toute transparence et bâtir avec conscience un avenir durable ensemble.    

Alain Cauchy : Pour rendre des comptes, il faut d’abord disposer des données : les capter et les fiabiliser avant de les analyser. Le cycle de vie numérique ne doit pas être décorrélé du cycle de vie du bâtiment.  Il faut pouvoir gérer les deux conjointement.

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